Sviatoslav Richter, Liszt, London Symphony Orchestra, Kyril Kondrashin – Piano Concertos Nos. 1 & 2

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Sviatoslav Richter (piano)
Kyril Kondrashin dirige le London Symphony Orchestra

Enregistré en 1961

La carrière de Sviatoslav Richter, l'impact qu'il a eu tant sur le public que sur ses pairs (il est le seul à propos duquel se fasse l'unanimité pour dire qu'il est l'un des plus grands pianistes de l'Histoire) sont inégalés dans le monde de la musique classique. Après une enfance et une adolescence passées à Odessa, dépourvu de toute formation académique, où il apprend seul le piano et la musique, et où il est, dès l'âge de quinze ans, répétiteur à l'Opéra de la ville. Richter donne son premier récital, le 19 mars 1934, à la Maison des Ingénieurs d'Odessa ; mais il ne commence à étudier sérieusement le piano que trois ans plus tard, quand il décide de rejoindre Heinrich Neuhaus, un pianiste célèbre et un professeur de piano, au Conservatoire de Moscou. Durant l'audition de Richter devant Neuhaus et ses élèves (où il joua les Ballades de Chopin dont la Ballade no 4), Neuhaus aurait chuchoté à un étudiant, placé à ses côtés : « Cet homme est un génie ». Bien qu'il ait formé de nombreux autres virtuoses tels Emil Gilels, Iakov Zak, Elisso Virssaladze, Gérard Frémy, Bronislav Stayevski, Oleg Boshniakovich, Radu Lupu et bien d'autres, Heinrich Neuhaus considérait Richter comme « l'élève de génie qu'il avait attendu toute sa vie », estimant qu'il n'avait « presque rien » apporté à ce dernier.

À l'âge où la plupart des grands pianistes entament leur carrière, Sviatoslav Richter commence seulement à apprendre sérieusement l'art du piano. Heinrich Neuhaus, l'un des pianistes soviétiques les plus réputés de l'époque, subjugué par le « génie » de cet inconnu, l'accepte immédiatement dans sa classe du conservatoire de Moscou, où Richter va suivre une scolarité complètement marginale. Refusant, en pleine période stalinienne, de se plier aux disciplines auxquelles chacun est tenu de se soumettre — l'établissement dispensant, en effet, un enseignement politique obligatoire —, Richter est exclu, à deux reprises, du Conservatoire, mais y est réadmis à chaque fois, sur les instances de Neuhaus. Tôt dans sa carrière, Richter a composé et aurait joué certaines de ses compositions lors de son audition devant Heinrich Neuhaus. Cependant Richter abandonne la composition peu de temps après son installation à Moscou.

À Moscou, Prokofiev le remarque et lui demande de jouer sous sa direction son cinquième concerto « qui n'a aucun succès lorsque lui, Prokofiev le joue ». Le succès est retentissant ; nous sommes en 1941, et ce n'est pas tant une carrière qui est lancée qu'une légende qui est née.

À compter de cette date, Richter sillonne l'Union soviétique, élargissant progressivement son répertoire jusqu'à des proportions encore probablement inégalées (sans compter la musique de chambre, et une quantité d'opéras, dont la totalité — texte et musique — de l'œuvre wagnérienne, il a dans la tête et dans les doigts, à la fin de sa vie, l'équivalent de quatre-vingts programmes de récitals). Cependant, pour des raisons peu claires, et qui sont en réalité d'origine familiale, il n'est pas autorisé à se rendre à l'étranger, si ce n'est dans les pays sous férule soviétique. Mais Richter ne sollicite rien, n'ambitionne rien, que ce soit en termes de gloire internationale ou de confort personnel, contrairement à la plupart de ses collègues, auxquels seules des tournées de concerts en Occident permettent quelques améliorations de leur situation matérielle. Il est également le seul des grands solistes de sa génération et de son pays à écarter, moins par volonté délibérée que par radicale indifférence — ce n'est pas un rebelle, mais un réfractaire — toute appartenance au Parti communiste. Une carrière exclusivement soviétique ne lui fait pas peur, Richter n'a en fait peur de rien. Il n'offre aucune prise, ce sera sa grande force.

Dès l'âge de 25 ans, Richter choisit dans le répertoire les œuvres qu'il allait jouer sa vie durant. Il ne s'écartera jamais de cet esprit et de cette exigence, ce qui lui permit d'aborder un nombre impressionnant de partitions (836 œuvres).

Proche de Prokofiev, il crée les sonates pour piano six, sept et neuf, dont la dernière lui est dédiée.

En 1945, Richter rencontre et accompagne lors d'un récital la soprano Nina Dorliak. Sviatoslav Richter et Nina Dorliak vécurent ensemble, sans jamais se marier, jusqu'à la mort de Sviatoslav. Nina accompagna Richter toute sa vie et toute sa carrière, complexes toutes les deux. Elle le soutiendra jusqu'à son ultime maladie, et mourra peu de temps après, le 17 mai 1998.

La puissance de ses interprétations réside dans l'énergie qu'il y met et dans le respect presque mystique des compositeurs qu'il interprète. Son répertoire touche à l'ensemble de la littérature pour piano, mais il se montre particulièrement remarquable dans ses interprétations de Bach, Rachmaninov, Prokofiev, Ravel, Debussy, Chopin, Beethoven et paradoxalement de Schubert, faisant ressortir chez ce dernier une profondeur insondable (dans les deux premiers mouvements de la sonate D.960 par exemple). En outre il préférait Haydn à Mozart, désignant le premier comme « le gentil Haydn ».

Ses trois compositeurs préférés étaient Wagner, Chopin et Debussy. Il s'en est expliqué dans le livre de Valentina Tchemberdji, Sviatoslav Richter : chronique d'un voyage en Sibérie : « Wagner, Chopin et Debussy sont allés, d'une certaine manière, plus loin que tous les autres. Si dans la chaîne habituelle de la vie nous avons d'abord la nature et ensuite l'artiste, ils ont, eux, parcouru cette chaîne pour revenir à la nature, mais à un niveau plus élevé et même inaccessible aux autres compositeurs. [...] Chopin est indéfinissable. C'est à la fois la spontanéité et la perfection la plus totale, le sang polonais, l'aristocratisme [...] Dans la musique de Chopin, tout est raffiné à l'extrême, et pourtant tout vient directement du cœur [...]. Debussy, avec son sang latin, a ressuscité la Grèce antique, son esprit, son attitude envers le monde, comme s'il n'y avait pas eu avant lui le romantisme allemand, ni Bach, ni personne ! Dans la musique de Debussy, il n'y a pas d'émotions personnelles. Il agit sur vous encore plus fortement que la nature. En regardant la mer, vous n'aurez pas de sensations aussi fortes qu'en écoutant La Mer. [...] Debussy, c'est la perfection même. » Il parlait aussi de « ce mystérieux, diabolique, féminin, masculin, incompréhensible, universellement compréhensible, tragique Chopin » ; et à propos de Debussy, son respect scrupuleux de la partition lui fit répondre à un critique français qui lui reprochait de jouer si doucement qu'on n'entendait plus rien : « Mais quand Debussy écrit “ppp”, il faut jouer ainsi ! »

On peut aussi noter qu'il refusa toute sa vie de jouer certaines pièces célèbres, et parmi les plus populaires du répertoire pianistique : les Variations Goldberg de Bach, la Sonate Waldstein et la Sonate au Clair de lune de Beethoven, le Concerto pour piano n° 5 de Beethoven dit « L'Empereur », le Concerto pour piano n° 3 de Prokofiev et la Sonate pour piano n° 2 de Chopin, avec sa fameuse Marche funèbre devenue une musique officielle soviétique. Il pratiqua aussi la peinture, et intégrait une réflexion esthétique sur tous les arts dans son approche de la musique.

Le public occidental ne connaissait, jusque-là, Sviatoslav Richter que par ses enregistrements, essentiellement publics, réalisés et diffusés dans les années 1950. Longtemps reclus en Union soviétique par le pouvoir communiste, il est le dernier des grands artistes russes de renom à être autorisé à se produire à l'étranger. Un de ses défenseurs est Emil Gilels, un autre élève de Neuhaus, qui après un triomphe aux États-Unis déclara aux critiques : « Attendez seulement d'entendre Richter ! ».

Richter n'est autorisé à se produire en Occident qu'en mai 1960 à Helsinki. Il connaît alors la célébrité à l'Ouest après une tournée triomphale aux États-Unis à la fin de l'année 1960, mais rapidement il fonctionne en dehors du système en donnant des concerts là où cela l'inspire. Son style de vie refuse toute médiatisation.

Lorsqu'il se rend enfin à l'Ouest, en Finlande au mois de mai 1960, puis aux États-Unis, en octobre de la même année, il a 46 ans. Ses débuts en Amérique, avec une série de huit récitals et concerts avec orchestre au Carnegie Hall, font sur le monde musical l'effet d'un tremblement de terre. Puis ce sera l'Europe, l'Angleterre, la France, l'Allemagne, l'Italie, les pays scandinaves, et finalement le Japon, parcourus en tous sens tout au long des années 1960.

Richter ne va pourtant pas se prêter bien longtemps aux conventions du circuit international des concerts ; allergique à toute planification, il joue où et quand bon lui semble, imposant souvent des programmes hors normes à des publics médusés par la puissance tellurique comme par les infinies délicatesses de son jeu.

Après quatre tournées aux États-Unis, il décline toute nouvelle invitation à se produire dans ce pays qu'il abhorre, à l'exception, dit-il, de trois choses : « les musées, les orchestres, et les cocktails ».

Les premiers concerts de Richter à l'Ouest ont donc eu lieu en mai 1960, quand il a été autorisé à jouer en Finlande, et le 15 octobre 1960, à Chicago, où il joua le Deuxième Concerto de Brahms pour piano accompagné par l'Orchestre symphonique de Chicago dirigé par Erich Leinsdorf, où il fit véritablement sensation. La critique du Chicago Tribune, Claudia Cassidy, réputée pour ses critiques désobligeantes d'artistes renommés, a évoqué la démarche hésitante de Richter entrant sur scène, paraissant vulnérable comme s'il allait être dévoré par les lions, mais que dès qu'il fut assis devant son piano son interprétation représenta « la performance d'une vie ». Dans les années 1960 Richter fit plusieurs tournées, se produisant notamment au Carnegie Hall.

Richter, toutefois, affirma ne pas aimer faire des tournées aux États-Unis, ni les attentes élevées du public américain. À la suite d'un incident en 1970 au Alice Tully Hall de New York, durant lequel les interprétations de Richter, aux côtés de David Oistrakh, furent perturbées par des manifestants antisoviétiques, Richter jura de ne plus jamais y revenir. Les rumeurs d'un nouveau concert au Carnegie Hall persistèrent longtemps jusque dans les dernières années de sa vie sans qu'il y ait jamais rien eu de fondé.

En 1961, Richter joua pour la première fois à Londres. Lors de ce récital, où il joua à la fois des œuvres de Haydn et Prokofiev, la critique britannique fut, au premier abord, assez hostile. Le critique Neville Cardus qualifia même le jeu de Richter de « provincial », se demandant même pourquoi Richter avait été invité à se produire à Londres, étant donné que Londres avait, elle-même, beaucoup de pianistes de « seconde classe ». Après son concert du 18 juillet 1961, où Richter avait joué les deux concertos pour piano de Liszt, les critiques britanniques avaient changé d'opinion.

En octobre 1961, il se produisit à Paris (Palais de Chaillot). Il y interpréta des oeuvres de Haydn, Debussy et Prokofiev.

En 1963, Sviatoslav Richter, qui cherchait sur les bords de la Loire un monument propice à l'organisation de festivals de musique, jeta son dévolu sur la grange de Meslay, grange fortifiée du 13ème siècle à quelques kilomètres au nord de Tours : il y créa un festival en 1964, les « Fêtes musicales de Touraine ». Au premier coup d'œil, l'ampleur exceptionnelle de son volume intérieur et la majesté de son architecture le séduisirent. Depuis, comme l'atteste l'effigie de métal dressée à l'entrée de la grange de Meslay à la mémoire de Sviatoslav Richter, ce bâtiment devient chaque été un temple de l'art apprécié des mélomanes du monde entier.

Il créa un autre festival à Moscou, les « Soirées de Décembre » au Musée Pouchkine. Mais Richter pouvait, également, disparaître parfois pendant des mois. Il s'adonne avec un plaisir manifeste à la musique de chambre, en compagnie de partenaires réguliers : Mstislav Rostropovitch, David Oïstrakh, le Quatuor Borodine. Il accompagne des chanteurs, Nina Dorliak, Dietrich Fischer-Dieskau, dans des récitals de lieder, joue avec de nombreux jeunes musiciens, le violoniste Oleg Kagan et son épouse, la violoncelliste Natalia Gutman, l'altiste Youri Bachmet, les pianistes Zoltán Kocsis, Andreï Gavrilov, Elisabeth Leonskaïa, dont il contribue à établir la réputation, ainsi qu'avec les chefs d'orchestre les plus prestigieux. Au début des années 1980, Richter ne se produit plus qu'avec la partition sur le pupitre, dans des salles à peu près obscures où l'on distingue à peine sa silhouette massive, créant ainsi une atmosphère saisissante, tout en étant convaincu qu'il épargne au spectateur la tentation de se laisser aller aux démons du voyeurisme.

En 1970, Richter se rendit au Japon après un périple en train à travers la Sibérie puis en bateau car il détestait l'avion. Il y joua Beethoven, Schumann, Moussorgski, Prokofiev, Bartók et Rachmaninov, ainsi que des œuvres de Mozart et de Beethoven accompagné par des orchestres japonais. Richter se rendit huit fois au Japon en tout. En 1986, il choisit de réaliser une tournée en Sibérie, où il réalisa des concerts dans les villages les plus reculés. Il n'était pas rare que Sviatoslav Richter, épris de liberté, choisisse un cadre et des moyens peu traditionnels pour organiser des concerts. Hélas ! il lui arrivait aussi d'annuler fréquemment des concerts à la dernière minute, souvent pour de réelles raisons de santé.

Pour souligner le niveau d'exigence de Richter, signalons que pour interpréter un concerto avec orchestre, il fallait que cet ensemble accepte dix répétitions avec lui, sinon, il ne signait pas le contrat.

D'autre part, ayant sans doute été déçu de certains pianos trouvés dans les salles qui l'accueillaient, il se déplaçait avec son piano, en remorque.

Sviatoslav Richter apparut pour la dernière fois en concert à Lübeck, Allemagne, en mars 1995.

Un film a été réalisé sur Sviatoslav Richter, mettant en évidence sa sensibilité et son humanité, par le documentariste Bruno Monsaingeon : Richter l'insoumis où divers exemples de ses interprétations sont inclus dans ce documentaire sensible et touchant. (source wiki)

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