J'ai testé pour vous les enceintes Jern 11EU et 14DS

 

Alban Berg - Anne Sophie Mutter, Concerto pour violon "à la mémoire d'un ange"

Classique. On vous a déjà parlé de ce très bel enregistrement réalisé en 1992 au Medinah Temple ; ce bâtiment situé à Chicago abritait un auditorium de 4200 places avec une acoustique peu commune. Tout a été transformé en 2003 et cet espace est devenu un grand magasin Bloomingdale's. 

Vous ne connaissez pas Anne-Sophie Mutter ? Elle débute le violon très tôt ; elle gagne, alors qu'elle n'a que sept ans le concours fédéral de la jeunesse musicale avec une mention "excellent". À treize ans, elle est remarquée par Herbert von Karajan, qui la fait jouer avec l'Orchestre philharmonique de Berlin. On pourra l'entendre ensuite à Salzbourg puis en Angleterre avec le English Chamber Orchestra dirigé par Daniel Barenboim.

A quatorze ans, elle se produit pour la première fois en soliste avec l’Orchestre philharmonique de Berlin. Elle interprète le concerto pour violon et orchestre en sol majeur de Mozart. La même année, elle fait son premier enregistrement pour la Deutsche Grammophon : les concertos no 3 et no 5 de Mozart avec l’Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Karajan, enregistrement qui se verra décerner le grand prix international du disque l’année suivante.

Elle sera nommée artiste de l’année 1979 et Herbert von Karajan déclara à son propos : "C’est la révélation du siècle !"

Beaucoup pensent qu'elle est en effet une très bonne violoniste, de la à égaler les Stern, Oistrach et Heifetz, on en est loin.

Il n'empêche qu'elle interprète ici parfaitement cette oeuvre de Berg qui date de la première partie du XXème siècle. La mort soudaine en 1935 de Manon Gropius, fille d'Alma Mahler (ex épouse de Gustav Mahler) et de l'architecte Walter Gropius (fondateur du Bauhaus) va affecter profondément Alban et Hélène Berg qui était de très bons amis de la famille.

Bouleversé par le décès de cette jeune fille de 18 ans, Alban Berg envisage de donner au concerto qu'il compose le caractère d'un requiem à sa mémoire. Cette œuvre sensible et émouvante s'appellera donc « à la mémoire d'un ange ».

Cette captation va prendre tout son sens avec les Jern 11EU. Dès les premières secondes on pourra apprécier la qualité de l'image sonore qui se déploie en 3D. Les enceintes disparaissent de la pièce et l'on sent respirer les instruments, la clarinette, les violoncelles, la flute, la harpe, les cuivres : tous les registres sont bien présents et parfaitement étalés.

Le violon de Mutter est intégré à merveille dans l'ensemble ce qui est rare. Souvent le soliste est trop en avant ou bien est noyé dans la masse orchestrale, auquel cas, on aura tendance à pousser le volume afin de mieux entendre l'instrument.  

Je n'ai noté aucun signe de cacophonie, aucune rupture de timbre, y compris quand l'orchestre joue Mezzo Forte vers 6'40". La fluidité est au rendez-vous et on se retrouve totalement immergé dans la musique. Cela promet de longues heures d'écoute pour les passionnés de musique classique et d'opéra.

Bravo ! 

John Renbourn ‎– Sir John Alot Of Merrie Englandes Musyk Thyng & Ye Grene Knyghte 

Folk. La première fois que j'ai écouté ce vinyle, c'était lors d'un voyage chez Clearaudio ; c'est Peter Suchy en personne, le fondateur cette célèbre maison de platines qui nous l'a fait découvrir. C'est un très bon disque de démonstration sur lequel John Renbourn passe en revue tous les styles de musique avec sa guitare. Vous pourrez ainsi entendre de la musique médiévale (William Bird - XVIème siècle) jusqu'à du blues.

Ce vinyle est un pressage japonais. Vous savez tout le bien que je pense des pressages japonais notamment ceux pressés à la fin de années 1960 et début 1970.

Les Jern font à nouveau très fort. Sur la première plage, les cordes de la guitare placée à gauche offrent une justesse, un naturel, une proximité rares.

A droite vous pourrez entendre des cymbales à doigts - il s'agit de toute petites cymbales que l'on frappe rapidement l'une contre l'autre. Elles sont beaucoup utilisées dans les musiques orientales. Elles sont accompagnées d'un Glockenspiel au son cristallin et très riche en harmoniques. Dans la plupart des cas, y compris sur de très bonnes enceintes, le son paraîtra fêlé. Ce n'est pas du tout le cas ici, ces percussions possèdent un corps exceptionnel.    

Les fins de notes durent et durent encore, c'est vraiment fantastique. C'est aussi cela qui donne beaucoup d'authenticité à la musique.

Rappelez vous, un son ne décroit jamais instantanément ; il s'atténue petit à petit. Une enceinte qui résonne ou qui traîne dans le grave va fatalement masquer des informations très utiles et notamment les fins de notes. C'est pourquoi les ingénieurs ont mis au point cette courbe que l'on appelle Waterfall et qui permet d'évaluer la performance de chaque enceinte lorsque cesse l’émission du son. Les résonances se reconnaissent facilement, elles ont la forme de vaguelettes amorties s’étendant vers l’avant de la courbe.       

Sur les plages Sweet Potato et Forty-Eight Transfusion, des percussions africaines accompagnent la guitare. L'écoute est vivante et très dynamique, on pourra pousser le volume sans saturation aucune.

Ces enceintes semblent étonnantes à bien des égards. 

Bravo !

Bernard Lavilliers - Etat d'urgence, Saignée

Chanson française. Idées noires inondait toutes les radios périphériques en 1983 avec le duo qui réunissait notre Nanard national - Bernard Ouillon avec Nicoletta - Nicole Fernande Grisoni-Chappuis. L'album a été enregistré au studio Aquarium qui se trouvait au bout de la rue Lecourbe dans le XVème arrondissement. Michel Delpech, Taxi Girl, Jean-Claude Vannier et Julien Clerc y ont notamment enregistré. La photographie de l'album en noir et blanc est signée Bettina Rheims, une très bonne photographe.    

Bernard Lavilliers débute sa carrière dans les années 60. Il publie son premier album éponyme en 1971 mais le succès ne viendra que cinq ans plus tard avec le Stéphanois. En 1981 c'est le Palais des Sports, il s'y produira du 9 au 18 novembre et c'est aussi la première fois que j'aurais l'occasion de voir Lavilliers sur scène avec 5000 autres spectacteurs. Bernard Lavilliers était une vrai panthère on stage ; on se rappelle ses tenues moulantes mettant en valeur son corps musculeux. Une vidéo est toujours disponible sur youtube ; on y retrouve ses fidèles musiciens et Jocelyne Beroard du groupe Kassav était choriste.

Mais revenons à Etat d'urgence et à Saignée qui clôt cet album ; c'est en fait un reggae. La batterie et la guitare basse sont bien mis en valeur dès le début du morceau. Les Jern qui disposent pourtant d'un volume modéré ont vraiment du punch et sont capables de délivrer un grave consistant. 

Sachez aussi qu'avec le modèle Jern 14DS, le grave est un plus court, cependant les haut-parleurs de marque Scanspeak disposent d'un potentiel plus important que les Wavecor. 
 
Les choeurs sont à leur place. La voix de Lavilliers est en retrait des enceintes sans que la moindre intermodulation n'ait lieu avec le reste de l'enregistrement.

C'est très bien fait et à nouveau on est surpris par autant de maîtrise. Disque après disque la Jern semble se sortir remarquablement bien de tous les obstacles qu'on lui tend.  

Génial !

Gershwin - Bernstein, Rhapsodye in blue 

Classique. On revient au classique avec cette fois-ci Rhapsody in Blue qui fêtera bientôt ses 100 ans ! Le morceau devait être créé le 12 février 1924 et George Gershwin ne commença sa composition que le 7 janvier de la même année. L'orchestration fut finie à la hâte le 4 février. 

Wikipédia nous apprend que le célèbre solo de clarinette en glissando ouvrant l'oeuvre n'est pas de Gershwin, et n'était pas inclus dans la partition originale. Il s'agit d'un ajout du clarinettiste Ross Gorman au cours d'une répétition. Ce solo fut longtemps redouté des clarinettistes solistes, de par son niveau de technicité requise. 

Rhapsody in Blue fut créé durant l'après-midi du 12 février 1924 sous le titre "An Experiment in Modern Music". 

L'orchestre était un jazz band incluant une section de cordes, avec George Gershwin au piano. George improvisa les solos de piano. Comme il n'écrivit la partition de piano qu'après le concert, nous ne savons pas à quoi ressemblait la rhapsodie originale.

Le concerto suscita des critiques variées : quelques-uns le qualifièrent de « musique de nègre », d'autres de musique sans forme, d'autres encore clamèrent le génie du compositeur.

Ici c'est Bernstein qui à la fois conduit l'orchestre et joue la partition du piano, il sera donc très difficile de s'endormir...La captation de 1959 figure parmi les plus célèbres interprétations. Notre vinyle est une réédition réalisée par Speakers Corner à partir des bandes master. Ne vous méprenez pas, si l'enregistrement est ancien, l'écoute est somptueuse sur un très bon système.

Les Jern 11EU proposent une restitution très cohérente où tous les instruments, clarinettes, trombones, les cors, la trompette bouchée, les cymbales et les cordes sont parfaitement intégrés. Il est en effet peu fréquent d'obtenir autant de cohérence sur cette oeuvre. J'ai particulièrement apprécié le piano qui est à la fois très bien timbré et possède beaucoup du corps et du relief. 

L'écoute de l'oeuvre avec le modèle 14DS est encore meilleure : un vrai feu d'artifice. Elle est en effet encore plus transparente, plus détaillée et fait preuve d'une rapidité remarquable. Rappelez vous la 14 possède une impédance de huit ohms et offre un rendement supérieur de 2 dB, ce qui allège la tâche de l'amplificateur. On suit donc avec une très grande aisance chaque nuance et l'écoute est tellement emballante qu'on se surprend à imiter Bernstein.

On s'approche donc énormément de la salle de concert tant l'image stéréophonique est vaste, aérée et précise.

Bravo !!!  

  
Stevie Ray Vaughan - Texas Flood, Tin Pan Alley  

Blues. Stephen "Stevie" Ray Vaughan était guitariste, auteur, compositeur et interprète américain. SRV était essentiellement connu pour ses performances de Bluesman, faisant renaître dans les années 80 ce genre. Ses concerts étaient toujours bourrés à craquer et ses disques se vendaient à plus de 100000 ex.

En 1982 Vaughan et le Double Trouble jouent à Montreux ; il est repéré par David Bowie et Jackson Browne. Bowie fait jouer Vaughan, il est omniprésent sur l'album Let's dance, produit au passage par Nile Rodgers...Jackson Browne de son côté lui permettra d'utiliser gracieusement son studio personnel. 

En Mars 1983 Epic le fait signer et réalise son album Texas Flood. Son groupe enchaîne les tournées. Il meurt malheureusement en 1990 dans un accident d'hélicoptère. Il était accompagné de l’agent d'Eric Clapton et de deux membres de son équipe. Fort heureusement Eric Clapton avait fait le choix d'un autre appareil.

Prenez la face C de ce double-disque réédité par le label Pure Pleasure, posez le diamant au début de la deuxième plage. Vous y êtes. C'est une des meilleures prises de son jamais réalisée, un chef d'oeuvre.

Asseyez vous, prenez une gorgée d'un excellent single Malt, genre Lagavulin 16 ans d'âge ou bien Laphroaig et profitez, profitez pleinement de ce morceau : 7'37" de pur plaisir. 

La Fender Stratocaster s'exprime avec une aisance inhabituelle tandis que la basse est très bien maitrisée. Ce coffret inerte en forme de poire est vraiment magique car il libère les haut-parleurs des contraintes habituelles. Les Jern réalisent un travail considérable sans forcer. 

Si la 11EU procure des résultats incroyables compte tenu de sa taille et de son prix, la 14DS vous emmène sur une autre planète où vous ne faites qu'un avec la musique. La lisibilité est maximale, chaque note, chaque accord est traduit de façon très subtile. La guitare électrique est à la fois parfaitement détourée et très énergique quand c'est nécessaire. Tout ceci est joué avec une fluidité, un liant entre les notes remarquable. Le tweeter Scanspeak associé au boomer de la même marque est une pure merveille.