Roger Eno and Brian Eno - Mixing Colors 

Ambiant. Brian Peter George St. John le Baptiste de la Salle Eno est un musicien britannique bien connu. Il fait ses débuts en tant que claviériste avec Roxy Music en 1971, collabore ensuite avec Robert Fripp puis Genesis en 1975. Il sort l'album "Music for the Airports" et créé par la même occasion un nouveau style de musique qu'on appellera "Ambient". De 1977 à 1979 il travaille en tant que compositeur, arrangeur et musicien avec David Bowie sur les vinyles Low, Heroes et Lodger. Les synthétizeurs n'ont pas de secret pour lui; on se rappelera notamment le glacial Warszawa aux allures de fin du monde...Il enchaînera ensuite avec Talking Heads - Remain in the light - à la fois producteur, on le retrouve aussi à la guitare, à la basse, aux claviers, percussions, piano, dans les choeurs, aux mixage. Il a participé à beaucoup d'autres projets avec John Cale, U2, Peter Gabriel, David Lynch. Brian Eno est un vrai homme-orchestre, un touche-à-tout, qui influence et marque toutes les productions où il collabore. 

Roger Eno est son frère cadet; il a presque dix ans de moins que Brian. Roger est compositeur de musique et il a à son actif une petite trentaine d'album ! En 2020 les deux frères explorent l'essence du son dans leur premier album en duo, Mixing Colours. Dix-huit paysages sonores invitent l'auditeur à s'immerger dans leur monde. Mixing Colours a vu le jour sur plusieurs années, les deux artistes mettant à profit leur longue expérience de compositeurs, d'interprètes et de producteurs.

Le processus créatif a commencé lorsque Roger Eno a joué et enregistré des morceaux individuels sur un clavier MIDI. Il envoyait les fichiers MIDI numériques de ces enregistrements à son frère aîné, qui traduisait chaque morceau dans son propre univers sonore, en retravaillait le contenu et le manipulait. L'interaction entre les frères s'est développée au fur et à mesure de l'évolution du projet. Les premiers morceaux de Mixing Colours ont pris forme vers 2005, mais ils n'étaient pas destinés à faire partie d'une collection plus large. "C'était comme le va-et-vient d'une conversation que nous avons eue pendant 15 ans", explique Roger. "Dès que je me réveillais le matin, je montais à l'étage, j'allumais mes appareils et j'improvisais, puis j'envoyais à Brian des choses qui pourraient l'intéresser. L'idée d'un album est venue au fur et à mesure que le nombre de morceaux augmentait et que les résultats restaient intéressants. Aucun de nous deux n'aurait pu y arriver seul". 

Mixing Colours jette des ponts entre le passé et le futur de la musique. Les compositions de Roger évoquent la mélodie mélancolique de la fin de Schubert, tandis que le design sonore de Brian est redevable à son travail conceptuel avec la musique électronique et à son enthousiasme de toujours pour le potentiel créatif des nouveaux médias. Selon lui, au cours des 50 dernières années, le monde de la pop a développé les énormes possibilités de la musique électronique pour créer des timbres et des couleurs instrumentales autrefois inimaginables. Brian explique : "Parmi les instruments classiques, la clarinette représente un petit îlot sonore, l'alto un autre et le piano à queue un autre encore. Chaque instrument représente une quantité limitée de possibilités sonores, une seule île dans l'océan illimité de tous les sons possibles que l'on peut produire. En électronique, tous les espaces entre ces îles sont explorés. Il en résulte de nouveaux sons qui n'existaient pas du tout auparavant. J'ai pris énormément de plaisir à explorer cet océan à travers les incomparables compositions de Roger. "Toutes les pistes de l'enregistrement, à l'exception d'une seule, ont des titres liés aux couleurs - "Burnt Umber" (Ombre brûlée), "Obsidian" ou "Verdigris" (Vert-de-gris), par exemple - comme certaines peintures abstraites. Dans leur ensemble, ils constituent une profonde méditation sur des nuances sonores changeantes et des timbres contrastés. La dernière piste, "Slow Movement : Sand", réduit la musique au strict minimum en termes de timbre, de tonalité et de pulsation. Mixing Colours, explique Roger, est né d'intérêts artistiques, musicaux et littéraires communs et est ainsi devenu une œuvre de véritable collaboration entre les frères. "Si l'on écoute souvent cet album - surtout en ce qui concerne les mondes fantastiques créés par Brian - c'est mon immense paysage qui se dévoile. On peut y entrer et s'y attarder"

Dès l'entame du premier vinyle, on plonge dans un océan de musique, dans une infinie douceur. On retrouve ici des ambiances développées par Vangelis dans son Opéra Sauvage en 1979 et notamment la plage Rêve. C'est avant tout de cela qu'il s'agit, d'un rêve éveillé, un rêve musical où le thème est décliné à l'infini. Face à cet mer de beauté, les sentiments vous submergent et vous emportent.

Tout concourt à cet état de grâce, le silence de fonctionnement de la platine, le pressage de très bonne qualité, les cellules Soundsmith particulièrement silencieuses. Les textures sont magnifiques, les notes sont pleines, harmonieuses, le silence entre les notes impressionnant.

La baguette d'un magicien est-elle passée par là ?  

The Definitive Jazz Collection 1     

Son style est caractérisé par l'utilisation d'une embouchure dite « double-lips », ce qui lui permet de multiplier les effets et notamment les subtones, c'est à dire l'art de faire rentrer de l'air dans l'instrument pour lui donner une couleur veloutée inimitable. 

A single petal of rose a été enregistré en 1964. Ben Webster est accompagné entre autres par Hank Jones au piano. Bien qu'étant ancienne, la prise de son revèle bien des informations. Le saxophone offre une chaleur, une suavité rare. Si le passage du EA-550 au 1200 procure un plus incomparable notamment au niveau de la bande passante, l'adjonction de la PS-1200 est incroyable. On gagne ainsi beaucoup en transparence et en micro-dynamique. Chaque vibrato aussi léger soit-il est alors perçu de façon évidente. C'est tout bonnement remarquable ! 

On pourra s'attarder sur Terry Gibs - Tippie, Charles Mingus - Freedom, Count Basie - Trey of Hearts. Il existe aussi un Definitive Jazz Collection 2, tout aussi intéressant et regroupant des enregistrements de Ray Charles, Lionel Hampton, Oliver Nelson.     

Miles Davis - Tutu 

Jazz. Miles Davis est un artiste unique qui a su traverser toutes les époques, faisant constamment évoluer son style musical. Tutu est un de ses derniers albums studio, il date de 1986. Miles Davis y rend hommage à Desmond Tutu, archevêque sud-africain noir qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1984.

Un très grand photographe a signé les photographies de l'album : il s'agit d'Irving Penn. 

À l'origine, certains morceaux étaient prévus en collaboration avec Prince. Prince s'est ensuite retiré. Miles et lui sont tout de même restés bons amis et ils ont collaboré ensemble sur "Can I Play With U" - album Sign O The times. Miles a aussi repris "Movie Star" et "Penetration" que l'on pourra retrouver sur plusieurs albums live.

Finalement ce sera Marcus Miller qui sera choisi. C'est en effet lui qui a écrit et arrangé toutes les chansons, à l'exception de "Tomaas" (co-écrit par Davis), "Backyard Ritual" (du claviériste George Duke ) et " Perfect Way " (du groupe Scritti Politti ). La musique est fortement inspirée du R&B et du funk du milieu des années 1980, avec une utilisation intensive de synthétiseurs, séquenceurs et boîtes à rythmes. Marcus Miller a interprété la majeure partie de l'instrumentation de l'album, notamment la guitare basse, les synthétiseurs et les boîtes à rythmes, la clarinette basse et le saxophone soprano.

Omar Hakim est à la batterie et aux percussions - ça tombe bien, il possède lui même une paire d'ATC SCM50ASL -  Steve Reid et Paulinho da Costa sont aux percussions, enfin Jason Miles à la programmation des synthétiseurs.

J'ai choisi non pas le titre phare de l'album mais Portia, ce dernier proviendrait du nom de l’héroïne du Marchand de Venise de Shakespeare...Le titre a été enregistré le 13 février 1986. 

J'ai toujours aimé cette plage très dynamique et qui offre énormément d'énergie dans le bas du spectre, à condition bien sûr que toute la chaîne suive. Généralement on attribue une dynamique plus importante aux systèmes numériques; certains pourront s'étonner que notre chaîne du mois rivalise et même dépasse sur ce critère la technologie digitale.

On vous le répète souvent, tout est affaire de plage dynamique, c'est à dire de l'écart qui existe entre les sons les plus forts et les plus faibles. Rappelez-vous que la platine, la cellule, sont exceptionnellement silencieuses. Le préampli phono EA-1200 grâce à son schéma LCR est aussi intrinsèquement plus dynamique que la plupart des autres schémas électroniques. Enfin, les enceintes actives font mieux que n'importe quel autre système de ce point de vue.  

La basse de Marcus Miller est restituée avec poids et une absence totale de halo. Le beat de la batterie est remarquable. La trompette s'avère puissante mais jamais agressive. La musique vie et se dilate complètement dans notre pièce qui est de grande taille.

Encore une expérience géniale que l'on ressent bien sûr au concert, plus rarement chez soi. Il aura fallu du temps, beaucoup de passion et de travail pour mener cette chaîne à maturité et produire ainsi ce résultat inespéré.          

Schubert - impromptus D946 - Alfred Brendel 

Classique. Brendel est un des grands pianistes du 20ème siècle à l'instar de Maurizio Pollini que l'on aimait tant et qui vient de mourir. Brendel, à 93 ans, reste donc le dernier d'une longue lignée. Brendel est un des meilleurs spécialistes de Schubert et de Beethoven.  

En 1970 il signe un contrat d'exclusivité avec le label Philips.  

En 1978 il reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université de Londres. En 1983, c'est l'université D'Oxford qui lui remet la même distinction. Il recevra ensuite 7 fois encore cet honneur !

Très récemment, j'ai pu profiter d'une excellente place au TCE; Kissin accompagnait alors Matthias Goerne. Quelques jours plus tard je découvre cet album de Brendel, ce vinyle poussiéreux que nous a amené Jean-François. Je ne suis pas du tout dépaysé. Bien sûr le programme n'est pas le même, je retrouve cependant cet équilibre et cette enveloppe sonore qui caractérise l'écoute d'un piano à queue en live. 

Heureusement que la machine Degritter est là ; il faudra quelques minutes seulement afin de raffraichir l'état du vinyle. La restitution du piano est comme sublimée après cette petite séance de nettoyage.

Quelle aubaine que de pouvoir entendre autant de belles choses !        

Pink Floyd - Meddle - Echoes

Rock Progressif. On termine notre tour de chant avec les indémodables Pink Floyd. Comment profiter de mélodies où la modulation est parfois si proche du silence comme c'est le cas sur Echoes. Il faut non seulement disposer d'un bon matériel mais également d'un excellent support. J'ai ressorti pour l'occasion mes deux Meddle pressés l'un et l'autre en 1971, des originaux donc...L'un est japonais et le second français. 

Vu de loin, ces deux se ressemblent. D'un peu plus près, la pochette asiatique paraît plus costaud, l'épaisseur du carton est plus importante et finalement quand on démarre la lecture du vinyle, on se rend compte immédiatement qu'énormément d'informations on été tronquées et manquent sur le pressage français !

Oui vous avez bien lu, dans les années 70, le travail réalisé sur les presses japonaises n'avait rien à voir avec le travail effectué sur notre territoire. Comprenez bien, le disque japonais fait exactement la même durée et les informations dont je parle ne se sont pas évaporées au fil du temps, elles n'ont tout simplement jamais été présente sur l'exemplaire fabriqué chez nous !

D'un côté on perçoit une vraie image sonore magique bourrée de détails parfois proches du silence, de l'autre côté peu ou pas d'image stéréo, c'est relativement plat et sans saveur. La différence est ici flagrante entre ces deux vinyles, on devrait même parler de "gouffre", tant c'est le jour et la nuit. 

Le pressage français ne rend pas du tout grâce au travail réalisé par le groupe britannique, c'est évident. Quid également du consommateur français qui se trouvé aussi piégé dans l'affaire...  
 
Le groupe a jugé en 1971 plus judicieux de placer sur la face A les plages destinées à être radiodiffusées. La face B est entièrement dédiée à Echoes; j'ai découvert ce morceau pendant mon adolescence, il m'a servi à l'époque à illustrer un diaporama sur la montagne, sa flore et sa faune. J'adore ce morceau de rock progressif qui ne dure pas moins de dure 23'33".  

Il s'agit en fait du montage de plusieurs morceaux. Les enregistrements et montages de Meddle furent répartis essentiellement entre les studios Abbey Road qui s'appelaient avant 1976 EMI et le studio AIR à Londres.

EMI refusait de prêter des nouveaux magnétophones capable d'enregistrer sur 16 pistes, ce qui aurait grandement facilité l'assemblage des éléments d'Echoes. Dans un accès de colère, le groupe s'est alors tourné vers le studio Air appartenant à Georges Martin, le producteur des Beatles. Les studios EMI étaient vieillissant, Air était quant à lui était tout neuf, vraiment fait pour accueillir des groupes de rock et était à la pointe du progrès.

C'est une grande chance que celle de pouvoir réécouter sur du matériel de cette trempe, ce qui restera comme l'un des morceaux les plus accomplis des Flamants Roses. Souvent le travail du groupe apparaît sur une chaîne hi-fi comme une pâte sonore assez compacte. C'est donc la première fois que chaque son, chaque instrument apparaît de façon claire et aussi distincte. Tout est mis en lumière, y compris la guitare basse de Roger Waters qui ressort de façon fantastique !

On n'oubliera pas que Pink Floyd fut un des premiers clients de la marque ATC et que Gilmour possède toujours dans son studio Astoria des enceintes de la marque...